La facturation électronique peut-elle être gratuite?

La facturation électronique peut-elle être gratuite?

 22 09 2025  |   PDP

La question mérite d'être posée, à la lecture de l'article « Facturation électronique obligatoire : combien les entreprises vont-elles devoir payer ? » publié dans Challenges le 15 avril 2025. Cet article fait suite au rejet, par l'Assemblée nationale le 11 avril 2025, d'un amendement visant à reporter d'une année l'entrée en vigueur de la facturation électronique obligatoire pour toutes les entreprises assujetties à la TVA en France.

La facturation électronique : une source d'économie pour les entreprises ?

La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, défendait, le 11 avril dernier, ce calendrier d'application progressive en expliquant :

« Il est démontré qu'une facture transmise par voie électronique génère une économie d'environ 9 euros en coût complet, par rapport à une facture papier, comme certaines petites entreprises le font encore. »

Selon cette déclaration, la généralisation de la facturation électronique serait donc synonyme d'économie pour les entreprises. Mais en tant qu'acteurs du secteur avec notre solution de facturation électronique chez Invexio, nous devons nuancer cette affirmation.

En réalité, l'économie potentielle dépend fortement de la situation de départ des entreprises. Certes, dans les cas où les factures sont encore imprimées et envoyées par la Poste, le passage au numérique permet de réduire les coûts d'impression, de papier, d'affranchissement et de traitement administratif. Cependant, cette situation est de moins en moins fréquente.

En effet, de nombreuses TPE et PME envoient déjà leurs factures au format PDF par e-mail, ce qui représente un coût quasi nul. Pour ces entreprises, remplacer l'envoi direct par e-mail par un dépôt obligatoire auprès d'une plateforme de dématérialisation partenaire (PDP) ou d'un opérateur de dématérialisation (OD) entraînera inévitablement un surcoût, sauf à modifier profondément leur processus de facturation en amont.

Les chiffres avancés par Mme de Montchalin semblent donc issus d'estimations théoriques, probablement basées sur des entreprises fonctionnant encore en mode 100 % papier, sans outil informatique interne (ERP, tableur, logiciel métier, etc.). Or, dans la réalité, bon nombre d'entreprises ont déjà partiellement ou totalement automatisé leurs processus, y compris avec des solutions « maison » (Excel, VBA, etc.).

Il aurait donc été plus juste d'affirmer que la réforme pourra, dans certains cas, générer des économies — notamment pour les entreprises qui moderniseront simultanément leur outil de gestion — mais qu'elle engendrera également des coûts pour un grand nombre d'entreprises, en particulier les TPE et PME qui devront s'adapter sans gain immédiat.

Le coût ou les économies liés à la facturation électronique dépendront de chaque entreprise, de son secteur d'activité, de son organisation et de ses outils.

Les offres gratuites… Pas si gratuites

L'article de Challenges mentionne également des solutions présentées comme gratuites, citant notamment l'offre de Quonto, actuellement 100 % gratuite.

Mais cette gratuité mérite d'être analysée. Chez Quonto, l'émission des factures gratuites implique de passer exclusivement par leur logiciel. Autrement dit, si une entreprise utilise déjà un autre outil de facturation pour des raisons d'efficacité, de conformité sectorielle ou de personnalisation, elle devra soit abandonner son outil habituel, soit ressaisir ses factures dans Quonto — ce qui représente du temps supplémentaire, donc un coût indirect.

De plus, Quonto ne permet pas, à ce jour, de déposer simplement ses propres factures générées ailleurs pour un envoi dématérialisé conforme. Cette contrainte réduit considérablement l'intérêt d'une telle gratuité.

Enfin, il est important de noter qu'aucun acteur du marché ne peut garantir la gratuité pérenne de ses services. Comme le rappelle Damien Charrier, président du Conseil national de l'Ordre des experts-comptables, dans Challenges, le coût estimé d'une facture électronique complète (émission, transmission et archivage pendant 10 ans) est de l'ordre de 0,10 € par facture.

Lorsque la réforme entrera en vigueur et que le choix d'une plateforme de dématérialisation certifiée deviendra obligatoire, il est peu probable que les offres « 100 % gratuites » persistent. Il est plus réaliste de s'attendre à des modèles freemium, avec une gratuité limitée à un certain nombre de factures annuelles (par exemple 100 ou 200), comme le proposent déjà de nombreuses banques, y compris les établissements traditionnels comme le Crédit Agricole ou le Crédit Lyonnais.

Conclusion : La vigilance s'impose

La facturation électronique peut apporter des bénéfices, mais elle ne sera pas gratuite pour tout le monde. Les entreprises doivent anticiper les coûts cachés, étudier les conditions des offres dites « gratuites » et choisir des solutions adaptées à leurs besoins spécifiques. Une réforme de cette ampleur nécessite une approche lucide et personnalisée, loin des généralités trop optimistes.


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